Le gros ripou

Quand ce film est sorti en 1993, son sujet était choc et l'univers glauquissime, j'avais trouvé cette descente aux enfers très pertinente et évidemment surprenante, surtout quand on s'imagine qu'il doit exister des types ou même des bonnes femmes de ce type, qui abusent de leur fonction de flic pour assouvir leurs basses pulsions ou leurs envies malsaines. Car Harvey Keitel campe un flic pourri jusqu'à l'os qui n'en rate pas une pour satisfaire tous ses vices qui ent par l'alcool, le sexe et surtout la drogue, c'est un personnage pitoyable et surtout inable.
Revu après toutes ces années, ce film m'a laissé une impression d'ennui et j'ai pu analyser ce qui me dérangeait, alors que la première fois, je l'avais reçu en pleine tronche comme une claque, sans ressentir rien d'autre. En fait, il n'y a rien de bien exceptionnel dans ce film à part la perf de Keitel, et c'est bien ça qui me gêne un peu : c'est l'arbre qui cache la forêt, j'ai l'impression que la minceur du scénario se dissimule derrière une performance hallucinante, on est d'accord là-dessus, Keitel prouve qu'il est un immense acteur, mais ça on le savait déjà. Si on gratte derrière ça, il n'y a pas grand chose, le film n'a pas d'âme, et tous ces excès finissent par me gaver.
Après New York 2h du matin et King of New York, Abel Ferrara explore une fois de plus la décadence et la dépravation des bas-fonds newyorkais à travers la dérive d'un flic perturbé et complètement déglingué, mais il filme tout ceci un peu paresseusement, il se contente de suivre cette errance suicidaire, on assiste à de longues scènes de défonce ou de masturbation pathétique, à des moments statiques dont on a l'impression qu'ils durent des plombes. La première partie est assez intense, mais ensuite c'est plus mou et en mode laisser-aller. Tout ceci est malsain, violent, traumatisant, avec des scènes très dures, où parfois émergent quelques rares scènes très belles, telle celle de l'église avec la soeur, mais celle qui suit immédiatement lorsque Keitel implore un Christ ensanglanté et immobile, m'a semblé un peu excessive, et tout le film est un peu comme ça, ça crée une sorte de vide et d'action qui s'étire inutilement, ça a donc fini par m'ennuyer et j'ai baissé ma note de 7 à 5, mais c'est un film qui quand même fascine autant qu'il dérange.

5
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le 25 mars 2018

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