Je connaissais l’existence du roman et je savais que son titre ne voulait pas dire qu’il s’agissait d’un courrier postal envoyé par Scarlet O’Hara dans le grand film hollywoodien sorti seulement cinq ans après celui-ci.
Je savais également que la Servante de la même couleur pour le lecteur francophone avait un titre original qui n’en disait aucune.
Je connaissais aussi un peu l’histoire, ayant vu en son temps l’adaptation filmée par Wim Wenders et j’en étais resté aux seules images d’une communauté de méchants puritains assouvissant leur sadisme latent en marquant au fer rouge une épouse adultère moins chanceuse que celle qu’aurait sauvé le bon Jésus.
Or que vis-je dans le film de Vignola, pour moi jusque là un parfait inconnu ?
Un film édifiant certes mais pas niais, ce qui prouve bien qu’il ne faut pas mettre les édifiants tous dans le même panier.
Je vis aussi une bonne illustration des mots « the hell of a guilty conscience » (l’enfer d’une conscience coupable) une expression qui me rappelle un autre « enfer », celui d’un « échec conscient” dans je ne sais plus quel roman du grand Thomas Hardy.
Je vis du cinéma que j’aime sur des gens qui, eux, n’aiment pas le cinéma, les puritains américains, les historiques, les premiers, les purs et durs au mal, pas les contemporains qui ne jurent sur la bible qu’avec leur fusil.
Et je vis une séquence montrant que si au cinéma, on peut s’endormir d’ennui dans la salle obscure pendant la projection, au temple des puritains, pendant l’office en pleine lumière, il y a quelqu’un qui veille à ce que nul ne fasse de même pendant le sermon.
Enfin après avoir regretté que le rôle principal n’ait pas été confié à l’actrice idéale pour lui, du moins pour moi, à savoir Lilian Gish, ou au moins un sosie, je me suis bien habitué à celle qui fut choisie.
Morale : les puritains sont de braves gens et le cinéphile, même sur un site gratuit, en a pour son argent.