Je n’ai encore lu que très peu d’œuvres de Druillet, mais je connais l’aura du personnage et son statut de pierre angulaire de la science-fiction et de la bande dessinée française.
Avec La Nuit, je commence sans doute par l’un de ses récits les moins accessibles et les plus atypiques, je pense que cette œuvre sur le deuil doit etre totalement différent de ses autres œuvres comme Lone Sloane ou Yragaël (je verrai bien 😁)
Mais ce premier , aussi déroutant qu’intense, me donne encore plus envie de découvrir ses autres créations, peut-être plus lisibles, mais certainement tout aussi marquantes pour le meilleur et pour le pire.
Dans la nuit Druillet est en colère, en rage suite à la mort de sa femme en 1975. Il créé cette œuvre, à chaud de cette événement traumatisant qui Chambord une vie (cette œuvre est parue en 1976) il insulte tout et tout le monde et ce dès le préambule.
Cette BD est son exutoire, peut-être sa catharsis : c’est violent, brutal, exténuant.
Ce n’est clairement pas une bande dessinée à narration classique, mais une ruée (ni pour la vie, ni pour la mort) une ruée pour l’annihilation totale. Un monde où la vie et la mort ne peuvent plus cohabiter, car plus rien n’existera. La vengeance ultime : mettre fin à tout.
Bref, c’est un récit de deuil excessif, personnel, baroque, explosif, crasseux, absurde, misanthrope, nihiliste, empreint de déréliction.
Cependant, je dois bien avouer que pour moi, la lecture des bulles a été une vraie épreuve, une vraie tannée et je n’ai pas accroché à cet aspect de la BD.
Mais les dessins ont un style radical hallucinant qui ne peut laisser indifférent : ils sont à la fois magnifiques et fouillis, autant fascinants que repoussants.
Je me suis dit que chaque double page pourrait être encadrée (mais exposé où ? Ça je ne sais pas 😅). Beaucoup de moments sont poétiques dans le macabre, dans le chaos comme dans la beauté, notamment lorsque la femme de Druillet est mise en scène.
Bref : ça déroute, ça rebute, ça hurle, et ça happe. Une œuvre unique.
6,6/10