Avec un synopsis pareil, on pense tout de suite à un épisode de "Black Mirror" (notamment ici à "Be Right Back"), comparaison inévitable mais qui commence à être redondante car la série a à la fois été précurseure dans le genre mais nous avons également de plus en plus de films d'anticipation reposant sur les dérives des nouvelles technologies, notamment l'IA.
Ici, il ne s'agit certes pas tant d'IA mais d'une technologie permettant à une personne de faire le deuil d'un proche disparu en réimplantant la conscience de ce dernier dans un hôte pendant quelques jours. Alors certes, ce n'est pas le même corps mais l'esprit reste intact. Et si Sal est au départ très réticent à l'idée de revoir sa compagne, décédée dans un accident de voiture, sous cette forme, il va ensuite très vite y prendre goût. Réussira-t-il à faire son deuil ou s'enterrera-t-il dans l'illusion qu'elle est toujours là ?
Sujet vraiment très fort que l'on peut cependant très simplement foirer, soit à cause de clichés du genre ou alors à cause d'une mise en scène trop molle, d'une patte "auteuriste" bien trop prononcée. Et j'avoue que j'avais très peur de cette deuxième possibilité car nous ne sommes pas dans un film de science-fiction grand public mais davantage dans une œuvre intimiste. Et pourtant, ça fonctionne très bien ! Enfin sur certains spectateurs du moins puisque le film a divisé la critique mais j'avoue que le charme a complètement opéré sur moi. Je suis en effet rentré dans l'intrigue pour ne plus en sortir jusqu'à la fin, enfin pas la toute fin mais on y reviendra.
J'adore la manière qu'a le film de traiter du deuil, en étant profondément touchant sans pour autant en faire des caisses comme tomber dans un pathos inutile par exemple, ce qui est un équilibre pas si simple à trouver. On s'attache énormément aux deux personnages mais également à la sœur dont la relation, si elle semble survolée par instants, est en réalité très profonde, notamment grâce au jeu des acteurs qui parviennent à faire er énormément d'émotions rien qu'à travers des regards particulièrement expressifs (on pensera également au plan final par exemple). Et puis il y a cette sorte de critique de ce genre de procédé, sans que le film ne soit jamais moralisateur, il est avance encore une fois sur un fil sans ne jamais totalement tomber d'un côté ni de l'autre.
Ajoutons à cela une excellente mise en scène qui privilégie un rythme lent sans que ce ne soit jamais plombant ou ennuyant, accompagnant de superbes plans donnant à l'ensemble cette atmosphère onirique ; la B.O. aidant aussi beaucoup sur ce point-là.
Il y a seulement la fin à laquelle je n'ai pas vraiment accroché et qui en laissera sûrement plus d'un sur la touche. Un twist qui sort de nulle part, qui semble avoir été introduit aux forceps et qui réduirait presque à néant toute la beauté que le film avait réussi à apporter jusque-là.
Néanmoins, "Another End" reste une superbe proposition de science-fiction, imitant quelques-fois le style de "Black Mirror" mais tout en apportant son propre style et surtout sa propre sensibilité.