Après son excellent Le Monde est à toi, Romain Gavras fait son grand retour sur Netflix (malheureusement), dans un tout autre registre que son précédent film.
Cette fois, accompagné de Ladj Ly au scénario, il nous met en scène l'explosion d'une cité, après la mort d'un garçon de 13 ans, tabassé à mort par des flics.
Dès les premières minutes nous sommes plongés dans le chaos le plus total. A travers un plan séquence virtuose d'une dizaine de minutes, le jeune cinéaste nous emmène à la fois dans son histoire embrasé à multiples points de vues autour de plusieurs frères (avec différents enjeux et rôles pour chacuns au milieu de cette guérilla), mais il nous fait aussi vivre un défi technique ionnant.
Le fils Gavras enchaîne les plans séquences d'une maîtrise et d'une fluidité affolante, très souvent au plus près de ses personnages, créant une tension et un sentiment d'immersion d'une rare intensité. Il nous balade au milieu de corps à corps, de cris, de flammes, de feux d'artifices, de fumées, en explorant tout les recoins les plus sombres de la cité, de jour comme de nuit. Il arrive aussi à capter la foule et leur mouvements. C'est là qu'intervient mon plus gros reproche sur ce film, ne pas avoir pu le découvrir en salle. L'expérience aurait été encore plus incroyable, surtout qu'il y a aussi une dimension musicale très importante (parfois trop).
Après une première partie exclusivement concentrée sur la révolte de la cité, avec en point d'ancrage plusieurs frères comme j'ai pu le dire plus haut, la seconde partie s'intéresse de plus près à ce cercle fraternel. J'aurais plutôt dû dire ce cercle fratricide, puisque Gavras tourne complètement le dernier tier (environ) de son film vers la tragédie. J'emmetrai plus de réserve sur ce point, tout comme sur la structure de certains personnages, ou sur quelques pseudo-twists parfois pas loin de la caricature. Mais il ne bascule pour moi jamais de ce côté là, et c'est tant mieux.
Romain Gavras réalise donc ici ce qui pourrait être un grand film. Il a réussit à capter la puissance de cette révolte, à mettre en place une énorme dramaturgie, et il nous en met plein la vue visuellement. Que demander de plus ? Le grand écran...