Dégoûtés de la psycho s'abstenir, ça vous agacera juste. La bande annonce laissait présager un pétage de plomb existentiel cathartique, j'ai eu droit à un drame psychologique où la protagoniste gère les problèmes de sa mère dans une relation de promiscuité forcée.
Sofia, jeune femme sacrifiant sa vie personnelle depuis l'enfance pour s'occuper de sa mère handicapée moteur pour des raisons qu'on découvrira petit à petit, veut s'autoriser à vivre pour elle-même. Un pas en avant, un pas en arrière. Ce n'est pas possible (où plutôt elle ne se l'autorisera pas) tant que sa mère n'aura pas fait de même.
On avance dans le sujet par à-coups, au gré des réalisations personnelles, des rencontres... notamment chez le psy. On est soi et les personnages confronté à des lieux et objets symboliques de leur progression personnelle (le rivage, une jetée, une laisse, les jeux de reflet et de mise en abîme avec du verre, de l'eau, des écrans, etc) de manière visible sans perdre le sens du récit. Les relations humaines font assez vrai pour qu'on pardonne la lourdeur des constructions, et le jeu des actrices aide beaucoup à enrober des dialogues qui pourraient parfois manquer de réalisme. Le film perd des points de ce côté et pour sa lenteur; on a l'impression de regarder la mer monter. Sur le papier les éléments me font penser à La Chambre des Magiciennes (Claude Miller, 1999; dans la sélec ArteKino 2025), les films n'ont pourtant pas grand chose à voir, ni par le style, ni par le ton. Un remix officieux? Question à poser à la réal.
Côté photographie, pour des scènes tournées tantôt sous le cagnard méditerranéen (observez le bronzage des actrices), tantôt la nuit, en intérieur comme en extérieur, la lumière est vraiment belle. Les plans fixes sont délicats comme des photos prises sur le vif. J'ai apprécié la distance caméra qui permet de ne pas être inutilement proche des personnages quand cela n'a pas de sens. Elle sait aussi se faire discrète dans l'espace.
Point bonus pour la romance avec Ingrid, allemande pansexuelle à problèmes qui a quand même plus sa vie en main que Sofia.