L'Ange
7.1
L'Ange

Film de Patrick Bokanowski (1984)

Contre saint Bunuel

Critique du film puis réponse à Camille :


je couperai le film en deux partie : la partie que j'aime pas (en gros tout le film) et la partie que que j'aime bien (l'escalier).


La première, si je ne l'aime pas vraiment, m'intéresse quand-même beaucoup parce que je n'ai pas du tout l'habitude de voir ça donc même si ça me fait à peut près rien, ça reste une expérience intéressante en ce qu'elle me met en "danger" et me fait avancer.

Je comprends l'idée de montrer des genre de tableaux plus ou moins décolorés les uns des autres et le pouvoir évocateur que ça peut avoir mais je trouve ça trop long.

Prenons l'exemple du début avec le mec à l'épée, j'y vois une sorte de projection mentale obsessionnelle, quelqu'un qui n'arrive pas à aller au bout de son action, et la répète, la répète encore de plein de façon différente car il ne peut pas toucher l'aboutissement de l'action pour une raison quelconque. Mais bien sûr ya plein "d'interprétations" possibles, la personne qui m'a recommandé le film a fait un lien avec Crime et châtiment, et ça fait sens aussi.

Le problème c'est que le pouvoir évocateur de l'image s'amenuise avec le temps et les répétition (bien que se soit pas linéaire, au début c'est bien sûr la répétition qui est porteuse d'évocation), je finis par ne plus voir qu'un geste. C'est un peu le même principe que répéter un mot en boucle, il devient flou car il perd son sens logique pour ne devenir que sa matérialité (cad un son). En soi ça pourrait être interressant, il peut y avoir une certaine grâce dans les geste mais vu que c'est décontextualisé, ça n'a pas cette grâce, ya juste une sorte de perdition, de dilution du sens et en fait, bah c'est super comme contexte.

Sauf que le sens que je vois dans cette scène et même mon appréciation pour elle-même (sans considérer le sens) n'est pas du tout naturel, il est construit. Vu qu'il n'y a pas d'histoire ou de personnage évident, je ne rentre juste pas dans le film et je e donc mon temps à me demander ce que je suis en train de voir, de l'intellectualiser. Alors forcément au bout d'un moment je finis pas y trouver quelque chose mais ça me parle pas pour autant. J'ai l'impression de ne juste pas avoir les bonnes dispositions mentales pour me er d'un substrat disons conventionnel, quelque chose qui me rattache au réel et peut me parler. Pour moi, ce que je vois ne fais juste aucun sens, au sens émotionnelle, je ne peux pas décrypter (tjr au sens émotionnel.

ça ne veut pas dire qu'il ne se e rien pendant une heure, il y a quelques images que je remarque plus instinctivement (la chambre avec les traits horizontaux et les deux personnages qui se regardent immobiles, l'espèce d'escalier en contre plongé, un moment avec deux portes ouvertes, la crue cassée, le changement de perspectives entre le moment avec les hommes au bélier et l'intérieur de la pièce qu'ils enfoncent (avec les débris qui tombent comme la vertical mais en fait ils sont face à nous)) mais c'est quasiment purement formel, ça me parle pas personnellement (à part peut-être la crue cassée, je trouve cette scène triste), et ya plein de ages qui me laissent juste stoïque (la bibliothèque) voir je trouve ça parfois ridicule (le bain burlesque ?) bien que ça ne m'ennuie (vu que je suis occupé à essayer de comprendre ce que je suis en train de penser)


Et puis viens l'escalier de fin, un changement radical s'opère, tout devient incarné, ça me parle beaucoup plus. Déjà parce que visuellement cest vachement plus opaque, on voit pas tout, ya des sortes gens (?) immobiles qui montent les escaliers ou regardent celui qui essaye (vu le titre et la répétition de l'escalier ya peut-être un sous texte symbolique) donc c'est déjà plus libre, c'est un frénétique le montage aussi donc ça aide. En fait ça m'évoque un genre de religieux profane, c'est à dire une sentiment religieux faussé et donc vain, une sorte de quête fatiguée du divin comme j'ai pu me l'imaginer des tas de fois inspiré par berserk, blame !, les soul's, des tableaux (genre ceux de de chirico), le age dans la falaise dans azur et asmar ou Ma'abre.

Et ça si je dois y penser pour mettre des mots dessus, je l'ai quand même senti naturellement (le fait que l'escalier soit seul, qu'on sente une sorte de proximité avec la surface/le paradis/quoi que se soit d'autre par la lumière joue beaucoup). Et ça a marché par l'évocation disons architecturale, pas sentimentale ou émotionnelle vraiment, par l'impression de voir un endroit perdu temporellement, tellement ancien, tellement loin mais infusé de ce sentiment religieux. Sans tout comprendre pour autant évidemment, j'ai même pas de vraie interprétation de ce age mais simplement l'image me parle.

J'en conclus donc que si ça m'a pas parlé plus tôt dans le film, ben c'est sans raison particulière, que juste ben ça arrive, c'est pas un régime d'image qui me parle. Mais pourtant pour apprécier le documentaire ou pour commencer à apprécier le cinéma "à la bresson" ou "à la dumont" ou même juste développer de l'empathie au cinéma, il a fallu un vrai apprentissage. Est-ce comparable ? surement que oui, je n'ai pas été exposé à ce genre de chose donc je réagis "mal". Mais le problème que je vois que c'est ce régime d'image semble à peu près opposé à celui où je suis sensible actuellement, ça me parait très ardu de dre les deux bouts. Mais la scène des escaliers est un bon encouragement.


Et quand camille parle de trip je pense que je vois mais je sens un genre de blocage à me laisser parce que ça fait très artificiel ce que je vois.

Sur la question des "films qui se retrouvent seuls avec leurs artistes" Ya ptet de ça mais je pense que c'est vraiment majoritairement le mode d'expression qui n'est pas le même du tout. Quand je parle de film très proche de leur artistes, des films très personnels que j'aime je pense à rohmer ou depleschin. Pour le second jsp mais le premier les équipes sont très réduites mais c'est surtout que ça reste une "histoire" facile à suivre. Même dans des films où il y a une liberté d'interprétation émotionnel, si j'aime qu'il y ait une liberté l'interprétation, ya toujours un alors que les trucs expérimentaux comme ça, je pense que ça demande d'aller chercher beaucoup plus en soit que ça, ya pas vraiment de s (ou beaucoup moins). C'ets ptet le même mécanisme que pour bresson (même si il parle de ce que les acteurs "lui cachent"). Avec out takes of a life of a happy man j'ai déjà eu un peu ce processus d'aller chercher plus loin. En fait je dirai que je fonctionne actuellement (pur faire gros) par reconnaissance/analogie des scènes/situations par vraiment par appropriation du matériel filmique comme l'exige l'expérimental j'ai l'impression. avec visa de censure j'ai eu un peu le basculement de l'un à l'autre même si ça restait très sensoriel.


Bref j'espère que j'ai répondu à tout et que c'était clair


7
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le 26 mai 2025

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Laiospeps

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