Froid dans le dos. J'ai eu froid dans le dos pendant toute la séance. Ce film est une plongée dans les abysses de la psyché d'un monstre froid, ouverte sur le vide. Un monstre auquel la caméra colle aux basques, presqu'exclusivement. Malgré cette proximité, le réalisateur ne capte aucune émotion au cours de la première partie du film. Car il n'y en a pas. Le personnage n'en éprouve aucune et est défini comme une coquille, d'abord vide, dans laquelle la bête se cache. Et de se draper dans son uniforme de gendarme afin de courir après elle-même, de mener sa propre traque.
Puis le malaise surgit, dans un spasme devenu incontrôlable, par deux fois, au de deux jeunes filles prises en auto stop. Violence fulgurante et sèche dont Cédric Anger nous oblige à être les témoins privilégiés, au milieu d'une campagne morne écrasée par un ciel désespérement plombé, renforçant une impression tenace de solitude et d'ennui.
Le seul semblant d'humanité dont la bête fera preuve, par effet de miroir ou de mimétisme, se manifestera par l'amour qu'il portera brièvement à la jeune femme qui ree son linge. ion fugace tuée dans l'oeuf par l'échec et un sentiment d'impuissance qu'il semble éprouver. Unique faille, unique fracture révélée.
Aucune explication ne sera cependant donnée pour motiver la monstuosité. Charge à chacun de reconstituer ce puzzle lugubre.