Août 1994. Sète, Hérault, Méditerranée. L'été est chaud, sous les serviettes, sous les maillots... C'est l'époque des chemises ouvertes sur le gazon d'amour, des mini-shorts et des vestes non boutonnées sur juste une brassière...
En transposant environ 15 ans plus tard, le roman de François Bégaudaud, Abdellatif Kechiche parle aussi indirectement de sa jeunesse.
Amine, le héros est un grand gars d'origine tunisienne (comme le réalisateur) espérant vendre ses scénarii à des producteurs de cinéma. Il a un bel accent du Languedoc, comme j'en ai croisé plein. Beau mais timide, il attire les filles tant amicalement qu'amoureusement tout en restant niais. Je sais pas si c'est vraiment la vie d'Abdel (originaire de Nice, tiens une ville méditerranéenne, également ville d'origine de deux des protagonistes) mais c'est en tout cas une bénédiction pour le cinéma français.
Les corps tant dénudés qu'habillés, sont filmés encore plus près que dans un porno. On en voit de toutes les couleurs, surtout quand on est assis au premier rang... et pas qu'au début. Entre Ophélie, aux mœurs aussi légères que ces fesses sont lourdes et Céline, la petite blonde qui succombe au premier dragueur venu, le spectacle est tout en belles formes et sourires charmeurs.
Envoûtant, ce film l'est tout autant. C'est également l'occasion de rappeler que les tirades comme "t'es mon rayon de soleil, je suis devant toi, je bronze" ont fonctionné en 1994.
L'occasion aussi d'écouter une bande son énergique. De la musique classique, orientale, électronique, folklorique et rock française ("Osez Joséphine" du grand Bashung) ou même "cinématographique" avec le thème d'Il était une fois de l'Ouest. Car au final, le film recèle quelques duels au soleil. Kechiche est le Sergio Leone des sentiments. Des films de presque trois heures qui en paraissent deux. Des longues scènes, des plans serrés, sur les hanches, "à la tunisienne" en référence aux plans italiens...
Ce film, c'est presque l'empire des sens, avec son acmé dès le début. C'est un peu le Philipps du cinéma : des sens et de la simplicité.
C'est en tout cas vraiment du grand spectacle, souvent très drôle, quasi-toujours captivant. On a comme l'impression d'être avec "nos" héros dans l'Hérault (mais sans Jean-Marc) et qu'on pouvait suivre leurs aventures encore des heures. Un peu comme avec Les Feux de l'amour ou Plus belle la vie, les costumes serrés, la musique facile ou l'accent marseillais et les mauvais acteurs en moins... Le talent d'un formidable directeur d'acteurs et l'audace de ces derniers en plus.