Curieux film que ce Quigley Down Under, à mi-chemin entre l’aventure émancipatoire d’un Indiana Jones and the Temple of Doom (Steven Spielberg, 1984), au terme de laquelle les opprimés sont libérés de leurs chaînes, et le western traditionnel américain transporté en Australie, empruntant à l’un son sens du spectaculaire associé à une autodérision ludique, à l’autre son écrite ainsi que ses personnages manichéens. Le titre indique d’emblée cette intention d’aller « tout en bas », indication tant géographique – surnom donné à l’Australie – que folklorique et thématique, en ce que le mouvement d’ensemble est celui d’une descente dans les profondeurs des injustices d’un système. Pour le dénoncer et le corriger sont défendues les valeurs de l’amitié et de l’amour, par le biais de la relation entre ledit Quigley et Crazy Cora dans laquelle se rencontrent les cultures ; ce recours à un étranger rejoue le stéréotype du regard distancié à valeur moraliste, d’autant que le séjour du héros se limite au temps du combat mené contre les exactions.
En cela, le cinéaste Simon Wincer prolonge sa réflexion sur le mythe et l’individu, thématique chère au cinéma australien, que nous pourrions résumer ainsi : projeté dans un espace mythique, un individu jusqu’alors extérieur observe son fonctionnement pour mieux rectifier ses défauts : si Mad Max en constitue l’archétype, nous pourrions citer également le remarquable Fair Game (Mario Andreacchio, 1986) ou l’amusant Razorback (Russell Mulcahy, 1984), dans lequel une journaliste newyorkaise débarquait en Australie pour y affronter une créature mythologique. La démystification e ici, comme dans Crocodile Dundee (Peter Faiman, 1986), par le comique. Un divertissement de qualité porté par la partition mémorable de Basil Poledouris qui lui confère rythme et identité.