La Fureur de Vivre
Pour son cinquième film, Paul Verhoeven nous narre le destin de trois amis réunis par la ion du moto-cross et rêvant d’ascension sociale mais qui vont voir leur vie chamboulée par une belle...
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le 7 juil. 2014
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Dans la série "à ne pas mettre entre toutes les mains" figure indéniablement "Spetters". Heureusement, peu de gens découvrent fortuitement la période néerlandaise de Paul Verhoeven. Si vous visionnez le film, c'est très probablement que vous êtes déjà familiers avec le Hollandais violent.
Mais même en connaissant le bonhomme, "Spetters" reste un film qui secoue, tant par le fond que la forme. Et qui fut d'ailleurs très décrié à l'époque... ce qui ne l'empêcha pas de connaître un succès au Pays-Bas.
Le film est désespérément sombre et cru, c'est un portrait au vitriol de la jeunesse populaire néerlandaise. Dans une petite ville, on suit 3 amateurs de moto-cross pas très futés, qui cherchent à quitter leur condition. Leur vie sera secouée par l'arrivée d'une jolie tenancière de friterie, particulièrement volage et cupide.
Préparez-vous, personne n'est à sauver ici. Les personnages principaux ne sont guère sympathiques, certains versent même dans l'homophobie. La nouvelle arrivante (Renée Soutendijk) est particulièrement abjecte, allant d'un homme à l'autre pour son bénéfice matériel. Même les personnages secondaires sont immondes : un journaliste cynique joué par Jeroen Krabbé, et un champion de motocross imbu incarné par Rutger Hauer.
Sur deux heures, cela aurait pu être éreintant. D'autant que l'imagerie est grisâtre et poisseuse. Mais Paul Verhoeven sait mener sa barque... et la secouer. Les rebondissements sont réguliers et inattendus. L'humour grivois fonctionne bien (dont cette scène très drôle où nos 3 andouilles ramènent des filles après une sortie !). Et la chose est très portée sur le sexe, de manière souvent explicite... voire non simulée pour certaines scènes (préparez vous à voir des verges !).
Loin de faire de la provocation, il s'agit plutôt d'entièreté et de générosité, qui va de pair avec les thématiques rentre-dedans. Critique de la police, de la religion, du journalisme, du sport, de la place réservée aux jeunes démunis par la société : personne n'est épargné !
Le tout dans une immoralité scénaristique particulièrement audacieuse, que peu emploieraient.
L'un des protagonistes, après avoir subi un viol collectif brutal, se libère paradoxalement et devient ouvertement gay. Quand un autre finit par ouvrir un bar en profitant du suicide de son meilleur ami handicapé !
Pour l'anecdote, le terme spetters a plusieurs signification en néerlandais. On l'emploie pour désigner un beau gosse ou une belle fille. Ou pour parler de crachats, éclaboussures. Qu'il s'agisse de boue de motocross, d'huile de friture, ou de fluides corporel. Des significations tout à fait appropriées ici...
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1980
Créée
le 29 mai 2025
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3 commentaires
Pour son cinquième film, Paul Verhoeven nous narre le destin de trois amis réunis par la ion du moto-cross et rêvant d’ascension sociale mais qui vont voir leur vie chamboulée par une belle...
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le 7 juil. 2014
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Il fallait bien que Verhoeven s’attaque à la jeunesse. Spetters pourrait être considéré comme son Outsiders à lui : un regard sur les adolescents, une époque, l’aube des années 80 en Hollande, avec...
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le 24 mai 2016
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Si Paul Verhoeven est un auteur à scandale, Spetters est sûrement le film qui correspond le mieux à l'étiquette du "Hollandais violent" qui lui fût attribué. Pas étonnant, de fait, que le film ait...
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