La plus noble conquête de l'homme, c'est le cheval... et celle de la femme, c'est l'homme...
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Par le é l, je n'ai jamais trop aimé Truffaut (1932-1984), trop soucieux de vouloir se démarquer des autres, et encore moins son appartenance "nouvelle vague" dont on parlait beaucoup plus qu'elle ne révolutionnait en qualité le cinéma !
Mais quand même, lui cherchait à innover sans sombrer dans un orgueil intello mais avec des tentatives comme cette fiction burlesque, avec des tonalités très réalistes comme l'abondance d'alcool...
J'ai donc beaucoup aimé ce film à cause de son regard sociologique, moins science-fiction ou plutôt conte pour adulte...
Sans échouer dans le nombrilisme intello-bébête, façon Godard et autres narcisses, qui se prenaient pour des lumières et se vautrant dans le people! (Je sais, je ne vais pas pas me faire que des amis...)
Tous les réalisateurs courraient et rêvaient alors de tourner avec Bardot qui était un mythe moulé (si j'ose dire) de toutes pièces, mais qui séduisait les foules... Après Martine Carol, Marilyn Monroe, et bien d'autres beautés, peu farouches devant le voyeurisme de la caméra...
La talentueuse Bernadette Lafont (1938-2013), cherchait-elle à être tendance et leur ressembler avec sa moue dubitative, ses regards enjôleurs, ses poses lascives, son air "gitane" décomplexée ?
Elle se démarquait de ses consœurs en étant restant simple, , nature, provoc, et apparemment sans complexes...
En tout cas, on n'ignorera plus rien de l'opulente poitrine de la la belle nimoise aux longues jambes fines, et semblant n'avoir aucun complexe à nous montrer sa beauté féminine !
J'ai bien aimé ce Truffaut car il est moins orgueilleux, plus sobre et en définitive bien plus plaisant que d'autres audaces du cinéaste. Autant il composait souvent des rôles de héros renfermés sur eux-mêmes, autant ici c'est le contraire !
Pas du tout du genre : "Si vous m'avez compris, c'est que je me suis mal expliqué !"
Déjà, le texte de Henry Farrell avait fait éclater de rire le réalisateur ! Dabadie a sûrement beaucoup œuvré pour que Truffaut ne l'intellectualise de trop !
C'est également Dabadie qui s'était opposé à ce que ce soit Claude Jade qui joue le rôle de Camille.
Truffaut avait demandé à cette dernière (alors gamine) en mariage à ses parents, avant de se rétracter au dernier moment... Dabadie l'avait trouvée, à juste titre, bien trop jeune pour interpréter le rôle déluré et sûre d'elle que nécessitait Camille.
Ce fut donc Bernadette Lafont et sa gouaille légendaire façon Arletty qui lui fut préférée !
Elle était d'ailleurs très sollicitée par le cinéma, et l'année de sortie de "Une belle fille comme moi", quatre autres films d'elle étaient à l'affiche.
Bernadette Lafont rêvait-elle d'être une Bardot, et cherchait-elle à lui ressembler en imitant sa moue des lèvres provocatrices, ou encore faire ciller ses yeux "d'allumeuse" !
La comédienne excellait d'ailleurs dans les rôles de garce sans scrupules, de fille facile se dénudant sans pudeur, dévergondée sans complexe.
Le rôle de Camille dans ce film, semble donc écrit pour elle :
Un étudiant en sociologie va la voir en prison où elle croupit pour "masculinicides" : elle a séduit, châtié, et soupçonné de crimes sur quatre amants différents... Pas fâchée de voir surgir dans son univers clos un jeune étudiant qui enregistre sa confession en vue de présenter sa thèse....
Elle représentait aussi à merveille la mouvance révolutionnaire féminine MLF favorable à l'avortement, et respirait de tous ses pores l'air (et l'ère) de la libération féminine qu'avaient du reste encouragés chez elle ses parents. "Ma mère m'avait un peu élevée comme un garçon" avoue-t-elle !"
Elle expliquait aussi que ses trois maternités successives étaient dues au fait qu'à l'époque, il n'y avait pas la pilule !
Mais que dès qu'elle a pu, elle a repris le cinéma après ses maternités, sa mère étant d'accord pour s'occuper des enfants... D'ailleurs, son premier mari comédien lui aussi, Gérard Blain, projetait d'en faire une femme au foyer... Truffaut détruisit cet avenir promis aux casseroles et de cuisine.
Truffaut ne cachait pas par ailleurs que s'il avait été une femme, il aurait rêvé de ressembler à la Camille de son film !
Un temps dans sa vie, elle fit une pause pour mettre au monde trois enfants successivement mais rêvant de revenir au spectacle : elle fit sienne la devise de Jean Cocteau
« Les premières places ne m'intéressent pas spécialement ; celles que j'aime, ce sont les places à part. »
Mais outre Bernadette Lafont, ce film doit beaucoup à son casting très élaboré !
Le choix des acteurs est incroyablement bien réussi, et ce sera les premiers pas très réussis de André Dussolier, qui fait une superbe composition et constitue le seul témoin vivant en 2025 de ce tournage....
Avec aussi ceux de Anne Kreis (1950/---) pas très convaincante ici...
Truffaut avait fini par lasser et le public : le bouche à oreille n'aura pas suffi à un meilleur succès de ce film qui a fait à sa sortie en 684 539 entrées en salles en 1972 : ça méritait mieux !
Cette "belle fille" reste pour moi une des plus beaux rôles de composition de Bernadette durant son époque "sex-symbol" ou "pin-up"...
Ainsi que "Paulette" lorsque la star est devenue d'âge plus mûr.
Quelle superbe carrière !
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Arte le 18.06.2018- 5 le 04.04.2025