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La Veuve noire commence par une scène de crime saisissante : un homme poignardé dans un parking souterrain. Le film s'inspire du « crime de Patraix » qui secoua l’Espagne en 2017, à Valence. María Jesús Moreno Cantó, dite "Maje", infirmière de son état, est soupçonnée d’avoir manipulé son amant pour qu’il tue son mari. Carlos Sedes choisit ici de reconstituer minutieusement les faits réels. Trop minutieusement.
La mise en scène est propre, presque appliquée. Les séquences s’enchaînent avec un calme qui frôle parfois la torpeur. Rien ne dée, rien ne tremble, mais rien ne trouble non plus. C’est là que réside le problème : le film reste au bord de ses personnages, au lieu d’entrer dans leurs failles. Ivana Baquero, dans le rôle de Maje, campe une figure trop opaque pour être réellement dérangeante. On perçoit l’intention de distance, mais elle glisse vers l’absence. Tristán Ulloa, son complice meurtrier, semble en pilotage automatique. Il exécute sans tension. Carmen Machi, en inspectrice plus investie, tente d’apporter un supplément d’âme, mais son rôle est trop balisé pour faire mouche.
Visuellement, l’ensemble est cohérent. La photographie restitue les textures froides des lieux, la lumière blafarde des couloirs d’hôpital, l’opacité des interrogatoires. Mais cette neutralité visuelle, comme la partition sonore très en retrait, participe d’un effet anesthésiant. Loin de l’ambiguïté poisseuse qu’un tel sujet pourrait faire naître, le récit opte pour une rectitude presque documentaire. On suit, on comprend, on observe – mais on ne ressent pas.
Le problème n’est pas tant la lenteur que le manque d’angle. À aucun moment le film ne tente d’interroger ce qui se joue réellement derrière ce fait divers glaçant : manipulation, dépendance affective, fascination morbide, syndrome du bourreau charmant… tout cela reste hors champ. Le choix du réalisme aurait pu être payant, mais il reste ici figé, désaffecté.
En somme, La Veuve noire ne trahit pas son sujet, mais elle le fige. Une exécution sans imagination, qui fait le travail sans cre ni déranger. Un thriller psychologique qui laisse la psychologie sur le seuil, et le spectateur à distance.
Note finale : 10 sur 20