Ingmar Bergman filme le délitement d'un couple sans fard et sans romantisation, avec des plans longs, des décors et une ambiance dépouillés qui semblent pousser ses personnages dans leurs retranchements et leur vérités nues. Dans les épisodes, les face-à-faces s'étirent en longueur, les confrontations sont intenses, les virages émotionnels surprenants (mais pas incohérents, loin de là).
On observe ainsi l'émancipation lente de Marianne, à contretemps de Johan dont le parcours suit une trajectoire quasiment inverse. Mais il n’y a pas de la part du réalisateur de volonté de jugement, simplement la constatation d'une prise de conscience des personnages sur leur vie et leurs désirs, sur le fossé entre ce que la société et leur éducation leur ont dicté et ce qu'ils souhaitent réellement. Sur ce dernier point justement le réalisateur pointe avec justesse et austérité la difficulté de savoir ce que l'on veut véritablement, et la fugacité de ces désirs. A chaque épisode tout un concentré d’émotions les traversent, rappelant véritablement le sens de la vie commune, au sens d’une vie partagée.
Liv Ullmann porte magnifiquement cette série certes un peu lente mais qui semblent dépeindre de manière authentique la trajectoire du couple moderne. Car la grande justesse du film est dans la nuance, où même des années après leur divorce les deux personnages se languissent encore avec nostalgie d’un temps de complicité perdu, effaçant les rancœurs nées de la séparation.