Kirk Douglas, qui fait ce qu'on lui demande, c'est à dire bien peu, et Farrah Fawcett, dont l'intérêt est plus esthétique que cinématographique, sont deux astronautes stationnés en autarcie dans un gros studio d'Hollywood qu'on essaie grossièrement de nous faire avaler comme une base spatiale, mais l'arrivée d'Harvey Keitel, qui, selon les rumeurs, est venu en taxi, rompt cette douce oisiveté et donne l'occasion à Stanley Donen de montrer que si Chantons sous la pluie est l'Everest de sa carrière, ce Saturn 3 en est bien la Fosse des Mariannes.
Donen distille savamment trois plans tout au long de son film, à savoir les fesses de son actrice principale, le menton de Kirk Douglas et des gens qui courent dans des couloirs mal éclairés ; Harvey Keitel est incommensurablement mauvais, l'aberrant scénario lui fait créer un robot monstrueux pour y implanter le désir de la chair qui le brûle, robot qui, pour une raison inconnue, décide que tuer les gens c'est marrant mais leur faire des trous dans la nuque pour y enfoncer sans danger des tournevis c'est quand même mieux... C'était sans compter Kirk Douglas et son arme secrète : le bain moussant. Oui, le bain moussant ; si, c'est dangereux.
Un navet apocalyptique, où chaque seconde est plus consternante que celle qui la précède et ne prépare en rien à l'abyssale vacuité de celle qui la suit... Si c'est une démonstration par l'absurde, c'est réussi ; si c'est un calembour, c'est réussi ; malheureusement, c'est commercialisé comme un film de SF et là, franchement, c'est raté.